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Pas de spectacle sans un bon « merde » !

24 03 2020

Pour les danseurs comme pour les comédiens ou les musiciens, interdit de se souhaiter bonne chance avant une représentation ! Ça porte malheur ! Du coup, pour ces grands superstitieux que sont les artistes, on préfère se lancer un « Merde ! » avant le spectacle.

Cette habitude remonte au XIXe siècle et fait référence au crottin de cheval gisant, à l’époque, devant les salles de spectacle. En effet, bon nombre de spectateurs bourgeois et aristocrates se rendaient généralement aux représentations en calèche. En guise de parking, les cochers stationnaient près des entrées du théâtre pour déposer ou attendre le retour de leurs passagers. Et les chevaux y laissaient quelques déjections bien naturelles ! Plus le spectacle remportait un certain succès, plus le nombre de calèches était notable… Et par conséquent, plus le nombre de chevaux se soulageant sur place était important.

Du coup, les artistes ont alors pris l’habitude, non sans une certaine pointe d’humour, de se souhaiter une forte concentration de crottin, synonyme de succès.

Progressivement, ce terme devint rapidement un synonyme de « bonne chance ! » puisqu’il est de rigueur au théâtre de ne surtout pas se souhaiter « bonne chance », meilleure façon d’attirer une catastrophe ! « Merde » est donc devenu un subterfuge, une métaphore pour se le dire… sans le dire.

Et comment cela se passe-t-il à l’étranger ? Si le « Merde » (en français dans le texte), est aussi en vogue dans les théâtres anglo-saxons, le « Break a leg ! » (« Cassez-vous une jambe ! ») est aussi fréquent. Cette habitude reste mystérieuse mais on peut y voir une analogie avec le salut à la fin du spectacle, pour recevoir les applaudissements. Pour saluer, on plie généralement les jambes ou de manière plus équivoque, on les « casse ». Ainsi, « Break a leg » serait une façon de se souhaiter de nombreux saluts…

En Italie, en revanche, les artistes utilisent une expression issue du monde de la chasse et on invoque le loup pour se souhaiter bonne chance. Il faut dire : « In bocca al lupo » (« Dans la gueule du loup ») auquel on se doit de répondre « Crepi il lupo » (« Qu’il crève, le loup ») !

Un autre variante italienne nous renvoie au champ lexical de notre « merde » français puisqu’une formule équivalente mais plus familière est « In culo alla balena! » pour laquelle la réponse attendue est « Speriamo che non caghi ! »

Nous vous laissons le plaisir de traduire cette délicieuse expression… et de vous en souvenir avant d’entrer en scène !

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